Aubeterre sur Dronne

Renseignements

Église Monolithe Saint Jean Baptiste.

Avec sa voûte de 20 mètres, c'est la plus haute église monolithe de France.

Creusée à mi-hauteur de la butte rocheuse qui domine Aubeterre, elle est orientée à peu près Nord Sud, selon un axe parallèle à la ligne extérieure du rocher.

Elle a été creusée de l'intérieur même du rocher, et a donc été réalisée par « évidement » d'une seule masse de pierre. Il est certain que les disciples de Saint-Maur (Bénédictins) qui l'ont creusée vers le xii' siècle, ont en réalité profité de grottes ou d'excavations beaucoup plus anciennes, utilisées puis agrandies par les premiers chrétiens pour y pratiquer en sécurité leur culte.

Les dimensions de l'église Saint-Jean sont exceptionnelles: 27 mètres de longueur, 16 mètres de largeur, et ses voûtes surtout, taillées en plein cintre et atteignant près de 20 mètres de hauteur sont absolument uniques pour une église de ce type. Demeurée à peu près dans son état primitif, elle représente un pôle d'intérêts archéologiques et touristiques d'une importance exceptionnelle.

Elle se compose d'une abside, d'une nef et d'un bas-côté séparé de la nef par deux colonnes, octogonales à leur base et carrées à leur partie haute. Une galerie, sorte de triforium, reliée à la nef par un escalier taillé dans le roc, a été creusée sur trois côtés de l'église à quinze mètres de haut. Cette galerie débouchait à l'origine sur l'extérieur, au flanc de la falaise (comme celle de Mortagne-sur-Gironde) et servit d'entrée à l'église; elle est aujourd'hui murée. Ses ouvertures sont une très belle succession de fenêtres en plein cintre donnant sur la nef. Par ailleurs, une liaison ayant été établie avec le château par un souterrain bien visible à l'angle Nord de la galerie, les seigneurs d'Aubeterre pouvaient, dit-on, venir assister aux offices... En réalité, il est probable que cette galerie servit surtout à l'écoulement des eaux de pluie recueillies sur la butte du château. Celui-ci étant depuis longtemps propriété privée, l'extrémité du souterrain a été murée.

Les sarcophages (cliquez pour agrandir)

Au milieu de l'abside, s'élève un monument hexagonal de près de 6 mètres de haut et de 3 mètres de diamètre du plus pur style roman et se composant de deux étages. Le premier, le plus élevé, est flanqué à chaque angle de deux colonnettes avec leurs chapiteaux supportant les archivoltes en plein cintre. Le second est constitué d'arcades ajourées en forme de lanterne. Ce monument est donné comme une interprétation de l'édifice constantinien du tombeau de Joseph d'Arimathie sous la coupole de l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem... Il fait complètement corps par sa base avec le rocher. Il s'est prêté à plusieurs interprétations: mausolée ou reliquaire? Il est certain qu'il a recueilli des dépouilles, probablement de seigneurs d'Aubeterre. Quatre cercueils dont deux d'enfants en ont été extraits en 1848. Cependant, on aurait actuellement plutôt tendance à pencher vers l'idée qu'à l'origine, il aurait servi de reliquaire, bien qu'aucune preuve formelle ne puisse être avancée.

Au centre de la nef, une piscine baptismale, taillé dans le rocher comporte en son fond une croix grecque. Cette cuve baptismale fut probablement creusée entre le iv' et le ix' siècle, c'est-à-dire bien avant que l'église elle-même soit terminée. 

Tout le sol de la nef n'était qu'une succession de sarcophages dont les plus proches de la piscine baptismale sont encore visibles. La nef de Saint-Jean servit en effet longtemps et à plusieurs reprises de cimetière, jusqu'en 1865. Des tombereaux de terre étaient amenés et les morts y furent enterrés par « couches successives ». Une fois cette terre déblayée et les ossements mis dans un ossuaire, les sarcophages furent emplis de sable et recouverts d'une dalle de béton qui les protège et qui permet de déambuler maintenant dans l'église elle-même.


Enfin, côté ouest, et séparée de la grande nef par une porte taillée dans le roc, se trouve une Nécropole, véritablement hallucinante, que l'on peut admirer depuis une sorte de balcon de bois. De dimensions différentes, probablement taillés à la mesure de chaque défunt et creusés dans un ordre presque chaotique, 80 sarcophages sont là, sous nos yeux, sculptés dans le rocher par la main de l'homme, puis par les ans. Presque tous présentent la particularité d'avoir des épaulements. Ils sont les témoins émouvants d'une époque qu'il est bien difficile de préciser, mais qui pourrait peut-être remonter avant le christianisme. Avant que cette Nécropole soit découverte en 1958, le niveau du sol était celui du seuil de la porte qui met ce souterrain de plus de 30 mètres de long en communication avec l'extérieur. Ici aussi, les morts furent enterrés les uns au-dessus des autres. Chaque fois qu'une «couche» était terminée, de la terre était amenée afin de permettre l'ensevelissement de nouveaux corps.

 

La piscine baptismale (cliquez pour agrandir)

 

Ancien cimetière (cliquez pour agrandir)

Il faut remarquer juste en face de la balustrade de protection, la présence d'un four à salpêtre qui fut installé pendant la Révolution, très exactement le 12 février 1794, afin de procurer à la nouvelle République de la poudre à canon dont elle avait grand besoin. Mais, selon les comptes rendus des séances du Conseil Municipal, le gardien avait tant de peine à empêcher les vols constants de matériaux et de poudre, que ce four fut fermé dès juillet 1795.

L'église fut fermée au Culte pendant la Révolution et lui fut rendue une fois le calme retrouvé. Aujourd'hui des offices, et en particulier la Messe de la Nuit de Noël, y sont à nouveau célébrés.

C'est en janvier 1961 et tout à fait par hasard que fut découverte à l'entrée de l'église une salle souterraine. Un camion passant dans la rue Saint-Jean devant l'église fit s'effondrer la route et découvrir la très belle et très ancienne salle souterraine, nommée à tort ou à raison, « crypte ». Il est difficile de préciser de quelle époque date cette salle. Certains pensent... qu'elle aurait pu servir à l'époque romaine, à la célébration du baptême selon le rite de Mithra, c'est-à-dire au sang de taureau. Le culte de Mithra fut déclaré illégal en l'an 395... Cette salle ressemble étrangement dans ses dimensions comme dans sa forme, au temple de Mithra (ii' siècle) qui a été découvert sous la Basilique Saint-Clément à Rome.

Il est probable que l'utilisation de cette salle varia au fil des siècles et de l'histoire de l'église Saint-Jean. De chaque côté, on aperçoit les restes de cinq stalles qui furent évidement sculptées et occupées par des moines. Aubeterre abrita en effet de nombreuses congrégations religieuses: les Bénédictins au xii' siècle; bien plus tard, les Clarisses qui fondèrent leur couvent près de Saint-Jacques vers 1620. A peu près à la même époque Esparbes de Lussan fonda le Couvent des Minimes tout en haut d'Aubeterre. Après une longue histoire, ce bâtiment est devenu Maison de Retraite.

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